Résumé |
En 1959, Georges-Émile Lapalme, député et ancien chef du parti libéral dans l’opposition au gouvernement de Duplessis, rédige le « programme de la Révolution tranquille » (Harvey, 2010) en commençant par la culture et l’éducation. D’une part, la richesse d’une culture constituait à ses yeux la condition d’un peuple fort et indépendant. D’autre part, la culture québécoise lui apparaissait sclérosée, et la langue, pauvre et déficiente. Quel était son projet? La présente communication a deux objectifs : examiner la relation qu’établit cet avocat et ancien chroniqueur entre les institutions politiques, l’éducation, la langue et la culture d’une société, et montrer comment son projet questionne et prolonge, dans ses justifications et moyens d’action, celui de ses prédécesseurs républicains et libéraux canadiens-français du XIXe siècle. La question de l’autorité sur le système d’éducation, par exemple, y apparaissait aussi déterminante. Lapalme tirait cependant des leçons de l’histoire de l’éducation dont il ressentit personnellement les conséquences, comme intellectuel insatisfait puis comme député fédéral au statut minoritaire. Il fallait, selon lui, « amener le gouvernement dans les écoles », confier la direction de l’éducation à des pédagogues et accorder la gratuité des études jusqu’à l’université, en sélectionnant les meilleurs. Il s’agira ici d’examiner pourquoi. |