Au sens strict, la professionnalisation est le processus à travers lequel un groupe de travailleurs s’efforce de contrôler les principaux éléments de champ de travail (ses actes, ses titres, sa formation, ses normes d’exercice, son autonomie, les contenus de son expertise, etc.), afin d’être reconnu par l’État (ou par une instance accréditée par l’État) comme une profession à part entière. Dans les pays anglo-saxons, s’il est couronné de succès, ce processus aboutit à la création d’un ordre professionnel. Or, la question de savoir si le personnel enseignant des divers pays de l’OCDE est vraiment engagé dans un tel processus de professionnalisation mérite d’être posée. Rappelons qu’en enseignement, bien qu’il possède des racines plus anciennes, ce processus a été en quelque sorte officiellement lancé (voire décrété) comme un idéal à atteindre par les autorités politiques et universitaires américaines dans les années 1980. Cet idéal a par la suite gagné la plupart des sociétés développées. De nos jours, tous les systèmes scolaires et toutes les institutions tertiaires ou universitaires de formation à l’enseignement s’entendent pour reconnaître un statut professionnel aux enseignants. Pourtant, on observe d’un pays à l’autre d’importantes différences, voire des tensions ou même des contradictions quant à la nature et l’étendue de ce statut. L’objectif de cette table ronde est donc de faire le point sur l’évolution complexe et contrastée du processus de professionnalisation du personnel enseignant dans différents pays. En Suisse, en France, au Québec, au Brésil, au Chili et en Belgique, qu’en est-il aujourd’hui de la professionnalisation des enseignants ?
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Thème(s) : Agir comme professionnel de l'enseignement : le travail