Au sens strict, la professionnalisation est le processus à travers lequel un groupe de travailleurs s’efforce de contrôler les principaux éléments de champ de travail (ses actes, ses titres, sa formation, ses normes d’exercice, son autonomie, les contenus de son expertise, etc.), afin d’être reconnu par l’État (ou par une instance accréditée par l’État) comme une profession à part entière. Dans les pays anglo-saxons, s’il est couronné de succès, ce processus aboutit à la création d’un ordre professionnel. Or, la question de savoir si le personnel enseignant des divers pays de l’OCDE est vraiment engagé dans un tel processus de professionnalisation mérite d’être posée. Rappelons qu’en enseignement, bien qu’il possède des racines plus anciennes, ce processus a été en quelque sorte officiellement lancé (voire décrété) comme un idéal à atteindre par les autorités politiques et universitaires américaines dans les années 1980. Cet idéal a par la suite gagné la plupart des sociétés développées. De nos jours, tous les systèmes scolaires et toutes les institutions tertiaires ou universitaires de formation à l’enseignement s’entendent pour reconnaître un statut professionnel aux enseignants. Pourtant, on observe d’un pays à l’autre d’importantes différences, voire des tensions ou même des contradictions quant à la nature et l’étendue de ce statut.
L’objectif de cette table ronde est donc de faire le point sur l’évolution complexe et contrastée du processus de professionnalisation du personnel enseignant dans différents pays. En Suisse, en France, au Québec, au Brésil, au Chili et en Belgique, qu’en est-il aujourd’hui de la professionnalisation des enseignants ?
Professeur émérite de sciences de l’éducation à l’Université de Nantes, membre du Centre de recherches en éducation de Nantes (CREN) sur l’analyse des pratiques enseignantes. Elle a été Directrice de l’IUFM des Pays de la Loire et responsable de l’Observatoire des pratiques enseignantes (réseau OPEN). Marguerite Altet a publié plusieurs ouvrages sur la professionnalisation de la formation des enseignants et du métier d’enseignant, de formateur par la recherche.
Bernard Wentzel est chercheur dans le champ de la professionnalisation des métiers de l'enseignement. Il a été enseignant en primaire puis professeur et vice-recteur au sein d'une Haute école pédagogique avant d'occuper la fonction de directeur de l'IRDP. Il a coordonné plusieurs ouvrages dans ce champ de recherche et s'intéresse particulièrement aux formes et fonctions de la recherche dans le processus de professionnalisation de l'enseignement et, plus largement, dans la redéfinition de modèles de gouvernance en éducation.
Maurice Tardif est professeur titulaire au département d’administration et fondement de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal. Il a dirigé le CRIFPE de sa fondation en 1993 à 2005. Il assume depuis 2008 la direction du CRIFPE à l’Université de Montréal. Il a également dirigé le programme (2002-2008) des « Grands travaux de recherche concertée » du Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada portant sur l’évolution du personnel de l’enseignement primaire et secondaire au Canada Il est depuis 2010 membre de l’Académie des sciences sociales de la Société royale du Canada (SRC).
Elle est détentrice d’un Ph.D en éducation de l’Université de São Paulo et chercheure associée au Groupe de recherche DOFPPEN (Docência, Formação de Professores e Práticas de Ensino- UNESP/RC), un groupe de recherche sur l’enseignement, la formation des enseignants et les pratiques enseignantes. Ses recherches portent sur la formation, le travail et la culture des enseignants.
Fernanda Kri Amar est prorectrice de l'Université de Santiago du Chili (USACH). Elle consacre ses activités à la gestion des établissements d'enseignement supérieur, à l'inclusion dans l'enseignement supérieur et à l'innovation curriculaire. De 2010 à 2014, Madame Kri Amar a été vice-rectrice académique et a dirigé des projets liés à l'innovation curriculaire et la formation pédagogique du corps académique. Entre 2014 et 2016, elle a été chef du département du financement institutionnel de la division de l'enseignement supérieur du ministère de l'Éducation.
Jean-François MARCEL est Professeur à l’Université de Toulouse Jean Jaurès où il est membre élu de la Commission Recherche. Il est Directeur de l’UMR « Education, Formation, Travail, Savoirs » (EFTS) et responsable du Master Sciences de l’éducation. Ses travaux portent sur la conduite et l’accompagnement du changement dans les organisations d’enseignement, de formation, d’animation, de travail social. Il mobilise en particulier la démarche de « Recherche-Intervention ». Derniers ouvrages dirigés en 2017 : "Emancipation et recherches en éducation" et « Changements en éducation. Intentions politiques et travail enseignant ».